L'apparition de la notion de complement est concomitante aux premiers developpements d'une analyse syntaxique " moderne " du francais. Tout au long du XIXe siecle, c'est principalement la grammaire scolaire qui va developper l'appareil terminologique de cette analyse, en donnant naissance a l'ensemble familier des complements " circonstanciels ", " d'objet (in)direct ", " d'attribution ", " du nom ", etc.
Cet ensemble resulte plus d'un etiquetage sans coherence que d'une veritable entreprise terminographique, et les premiers linguistes qui se sont penches sur le metalangage grammatical, comme Brunot, en ont denonce l'obscurite.
Notion a la longevite remarquable, dotee d'une grande deformabilite, le complement trouve sa place dans de nombreux cadres theoriques au prix de manipulations definitionnelles plus ou moins importantes, a telle enseigne qu'on est fonde a remettre en question son utilite scientifique. S'agit-il simplement d'un concept mou que l'on devrait proscrire du metalangage, ou bien doit-on au contraire considerer que le complement permet utilement de saisir dans toute sa diversite une relation syntaxique fondamentale ?
En abordant la question par l'intermediaire du terme complementation, le present volume prend le second parti, et les contributions qui le constituent interrogent et redefinissent les differentes hypostases du complement, a plusieurs niveaux.