Les guerres prennent souvent naissance dans les representations mutuelles, les sentiments de haine reciproque et le desir de revanche des populations. Les jeunes se trouvent souvent en premiere ligne dans ce mecanisme. Au cours de la Premiere guerre mondiale, par exemple, les jeunes Europeens se sont mutuellement entretues au rythme de 1000 personnes par jour. Conscients de ce phenomene, des pacifistes et des antimilitaristes ont propose, des le tournant des XIXe et XXe siecle, de faire de la jeunesse l'objet de leur propagande pour la paix. Leurs propositions ont rarement franchi le rubicond de la sphere politique. Il existe cependant au moins une exception: en 1963, les gouvernements francais et ouest-allemand ont mis en place une politique ambitieuse de reconciliation centree sur les echanges de jeunes. La plupart des auteurs qui se sont interesses a cette politique publique ont adopte une perspective hagiographique. Cet ouvrage propose au contraire de normaliser cet objet d'etude en s'appuyant sur la methode genealogique developpee par Michel Foucault. Le livre etudie la genese (de 1871 a 1963), la mise en oeuvre (de 1963 a 1973) et la revision (depuis 1973) de cette politique de reconciliation par la jeunesse. Il s'adresse autant aux personnes interessees par cet aspect particulier du rapprochement franco-allemand qu'a celles qui veulent comprendre, d'une maniere plus generale, l'interet et les limites des politiques de socialisation a la cause de la paix.