Evoquer le corps, c’est permettre un questionnement sur la manière de vivre notre rapport intime à notre propre corps. C’est une invitation à interroger notre regard sur notre corps, sur la manière dont nous vivons son expressivité, ses maladies, son vieillissement ; une invitation à réfléchir sur la manière dont nous sommes confrontés au regard de l’autre, et plus généralement au regard de la société sur lui et à son statut à l’intérieur de la société. Il existe une multiplicité de discours sur le corps. La plasticité du corps paraît être infinie, il se prête à toutes les approches et aux discours les plus divergents, les plus contradictoires. Le corps serait-il une fiction, une sorte de coquille vide ou presque, se prêtant à tous les remplissages discursifs imaginables ?
Les articles présentés dans ce recueil définiront, pour eux-mêmes, les notions de corps et d’écriture. Le lecteur pourra observer comment chacun pose la question, comment il y répond. Il pourra vérifier s’il y a des convergences, des divergences entre un discours philosophique sur le corps, des études littéraires sur le statut du corps chez différents auteurs qui abordent par exemple la question de la mémoire du corps, ou bien celle du corps du voyageur ou du corps de l’artiste. Il pourra réfléchir aussi à la fétichisation-symbolisation du corps, au corps malade, à des processus physiologiques liées aux émotions comme les larmes, ou aux hormones comme les règles, au corps du traducteur, au corps face à la machine à écrire ou au corps dans les amours virtuelles.
Dans le cadre de ce recueil, il nous a semblé important aussi de faire une place à la danse. Au sein de l’université, la danse n’est pas toujours admise ; elle échappe souvent à des grilles de lecture trop conventionnelles. Une recherche en danse existe pourtant, elle a des choses à dire et à nous apprendre. Comment évacuer une réflexion sur un art et sur des pratiques sociales populaires ou aristocratiques où l’écriture s’incarne dans le corps, où le corps en mouvement vient exprimer un regard, un rapport au monde particulier ?