Un puissant recueil de cent trente poèmes versifiés, ciselés. La Blessure des Mots est un exercice solidement formulé et généreux dans la forme, tout en s’avérant empreint d’une tristesse intimiste dans le fond. Vieillissement, mort, amours racornis, perte de la foi, futilité du fond des choses, modernité en capilotade, religiosité déchue, métaphysique dérisoire. On sent tous les effluves délétères du bilan de vie et de l’apposition des cachets sur une époque. Mais c’est quand même un bilan de vie qui chante, qui psalmodie, qui récite en cadence et qui voit la musique.
Ce recueil cultive l’alexandrin (comme Jacques Brel dans Les Flamingants), le décasyllabique (comme Georges Brassens, dans La chasse aux papillons), l’octosyllabique (comme Raymond Lévesque dans Quand les hommes vivront d’amour), le demi-alexandrin (comme le parolier d’Édith Piaf, dans Milord) et bien d’autres formes versifiées aussi, régulières ou plus irrégulières. On y salue explicitement ses maîtres: Villon, Ronsard, Vigny, Hugo, Nerval, Baudelaire, Mallarmé, Verlaine, Rimbaud, Nelligan, Apollinaire, Valéry, Michaux et Char. Les ancêtres y sont bel et bien. Ils font puissamment sentir leur présence, à chaque page. C’est triste, c’est cuisant, c’est grandiose.