Le colloque dont nous publions ici les actes a marqué la première initiative en Angleterre de la Société des Etudes Camusiennes. Il a été accueilli par le Centre for Research in French Studies à l'Université de Keele en mars 1993, et a rassemblé des spécialistes venus des Etats-Unis, du Japon, d'Argentine, d'Irlande, de Belgique, d'Espagne, de Grèce, de Grande-Bretagne et de France. Les communications offrent une gamme d'approches méthodologiques et présentent des études approfondies sur les écrits philosophiques, politiques, polémiques et littéraires de l'auteur.
Sollicité de toutes parts par ce que son époque avait de plus déréglé, et croyant avec Pascal que rien n'est vrai qui force à exclure, Albert Camus ne veut rien refuser des servitudes de son temps. 'Celui qui aborde sérieusement le problème moral doit finir dans les extrêmes', déclare-t-il. Il s'adresse de plein cœeur aux extrémités de la révolte, du désespoir, de la démence, donnant provisoirement raison à son adversaire afin de mieux le comprendre. Ainsi il en vient à connaître les démons de son temps et à préciser la plupart des contagions contemporaines. En même temps, se méfiant de ces tentations, il récuse cependant le 'tout est permis', cherchant à esquisser les limites en deçà desquelles un langage, une pensée et une œuvre peuvent rester cohérents.
Œuvre d'excès, donc, mais œeuvre d'extrême mesure. D'autant plus qu'elle porte un témoignage sur son temps et sur son créateur, qui conçoit sa vocation comme exemplaire. 'L'effort que j'ai fait ... pour établir mon propre équilibre n'est pas entièrement vain. Ce que j'ai dit ou trouvé peut servir, doit servir à d'autres', dit Camus. Ce volume a pour but de réaffirmer l'actualité de ce souhait.