Reprenant à frais nouveaux la question de la formation du livre de Job, J.
Vermeylen en propose une analyse approfondie. Selon lui, à partir d'une
vieille légende de l'époque royale le livre a connu quatre éditions
successives, situées entre le Ve et le IIe siècle. Chacune d'elles
développe sa propre théologie et sa propre vision de la détresse de Job.
Mais, contrairement à une lecture sapientiale et individualisante
largement répandue, aucune ne cherche à mener une réflexion de type
théologique ou philosophique sur le problème du mal en général ou sur
celui de la souffrance du juste innocent. Bien plutôt, les rédacteurs
successifs du livre ont cherché à répondre à une situation
socio-historique concrète d'une communauté en butte à l'opposition et cela
à des fins de propagande: chaque fois, il s'agit de convaincre les
lecteurs de se rallier à un nouveau régime politique et de montrer que
Dieu, en lutte permanente contre les forces du chaos, ne veut pas la
souffrance inutile de ses fidèles.