À la base de cette étude se trouvent des questions très simples, mais tellement fondamentales qu’on oublie souvent de les poser. Pourquoi le théâtre français est-il tellement “français”, par exemple lorsqu’on met en scène un auteur comme Racine? Quelles constructions identitaires, quelles catégories idéologiques étayent cette pratique ? Et quels facteurs contextuels, à la fois politiques et sociaux, influencent, contestent, contaminent ces constructions ? Abordant à la fois des questions liées à l’histoire du théâtre et des problèmes qui touchent à l’analyse culturelle, Le mythe de l’authenticité analyse l’impact de certains facteurs contextuels sur le processus de canonisation et les modes de représentation d’une seule pièce canonique : Britannicus de Jean Racine (1669). Quel serait le lien entre le personnage de Néron et le roi de France ? Qu’aurait pensé Napoléon de l’interprétation de ce même personnage par son acteur favori Talma ? Quels facteurs furent à la base de l’interprétation psychosexuelle et puis psychanalytique (à la française) de cette pièce ? Et comment l’interprétation de Britannicus par André Antoine pourrait-elle être appelée queer ? Le mythe de l’authenticité démontre ainsi comment cette tragédie romaine fut, depuis sa création jusqu’à nos jours, déconstruite et reconstruite par des artistes aussi divers que Le Kain, Talma, Mounet-Sully, André Antoine, Michel Hermon, Antoine Vitez, Brigitte Jaques-Wajeman et bien d’autres.