L'etude du volumineux recueil d'epigrammes (Sinn-Getichte) que Friedrich von Logau (1605-1655) a publie en 1654 et presente comme une oeuvre novatrice en langue allemande, pose d'emblee la question du genre. Invente par les poetes grecs et latins et puis redecouvert, theorise et illustre par les humanistes de la Renaissance, le genre de l'epigramme a connu une grande fortune en Allemagne tout au long du XVIIe siecle. En raison de l'heterogeneite des veines (satirique, gnomique, panegyrique, religieuse, etc.) et de l'eclatement du discours, caracteristiques de l'epigramme, le projet du Silesien n'apparait pas clairement. Toutefois, une lecture attentive du paratexte et de l'oeuvre ne laisse subsister aucun doute sur la volonte satirique qui a preside a sa redaction. Les Sinn-Getichte servent de cadre a une satire originale, structuree par la thematique du monde renverse, ou s'enchevetrent les epigrammes qui defendent la norme, et celles qui denoncent les perversions de l'antinorme. Cette demarche pedagogique se double chez Logau du desir de s'octroyer, grace a l'ecriture, un espace de liberte et une recreation.