Molloy est sans doute l’une des œuvres beckettiennes qui a suscité le plus d’interprétations variées et parfois même contradictoires. Modalités po(ï)étiques de configuration textuelle : le cas de « Molloy » de Samuel Beckett prend comme point de départ cet état de fait, l’interroge et propose que la texture du roman en est largement responsable. En tant qu’artefact langagier, Molloy exploite exemplairement les possibilités contextuelles de signification de la langue française, aussi bien linguistiquement que littérairement.
L’ouvrage procède à une série de micro-lectures qui réévaluent à fond la fonction textuelle de ce qu’on convient d’appeler les « jeux de mots » de Molloy. Il montre que les manières dont ces « jeux » sont inscrits dans leurs environnements restreints et étendus favorisent l’actualisation des significations multiples. Ces possibilités plurielles de signification sont poursuivies conséquemment non seulement à travers le Molloy français, mais aussi à travers les rapports que celui-ci entretient avec le Molloy anglais, d’une part, et avec des textes beckettiens et non-beckettiens pré-Molloy, d’autre part. Les « jeux de mots » du roman se découvrent ainsi être les pierres angulaires d’une complexe configuration architexturale.
L’étude de cas de Molloy que présente Modalités po(ï)étiques de configuration textuelle est potentiellement pertinente pour l’ensemble du corpus beckettien dans la mesure où la méthode intégrative d’analyse utilisée est susceptible de révéler de nouvelles données concernant la particularité de texturation de ce corpus, de même que des œuvres individuelles qui le composent.
L’ouvrage s’adresse aux lecteurs de Beckett, mais aussi à ceux qui s’intéressent à des questions touchant à la traduction, voire l’auto-traduction littéraire, à l’intertextualité et aux approches linguistiques de la littérature qui reposent sur la sémantique cognitive et interprétative.