Les monastères occupent une position éminente dans la vie économique de
Byzance. Durant l'époque considérée (fin Xe-milieu XIVe siècle), les
grands monastères ont possédé une part non négligeable de la terre de
l'Empire et leurs activités ont joué un rôle considérable dans
l'économie. C'est précisément l'objet de ce livre: étudier ces
établissements en tant que grands propriétaires. Cet aspect matériel des
monastères est relativement bien documenté, grâce aux archives et aux
règlements monastiques (typika) qui nous informent sur la fortune
de ces établissements. L'acquisition de terres par les moines, surtout
grâce aux donations qu'ils recevaient mais aussi par achat, a conduit à
une augmentation de la fortune monastique globale. Cette expansion, qui
se fit principalement aux dépens des laïcs, a été moins importante qu'on
ne l'a souvent dit et elle n'a jamais menacé les intérêts de l'État. Les
moines s'avèrent des administrateurs efficaces de leur fortune. À partir
du XIe siècle, la recherche du profit se manifeste dans nos sources,
reflétant l'évolution de la mentalité économique des moines et de la
société en général. La gestion vise à dégager un surplus qui est le plus
souvent investi dans la terre ou dans le commerce. Les activités
commerciales et financières des monastères, qui nous échappent
largement, semblent avoir été bien plus importantes que ce qu'on pensait
jusqu'à présent.