Lorsqu'ils traitent des conflits armes et des violences aux consequences humanitaires les plus graves, tels que ceux qui ont ensanglante la region africaine des Grands Lacs ou encore la Sierra Leone des 1990, les decideurs diplomatiques a l'ONU ne sauraient perdre de vue les interets des Etats qu'ils servent. Ces interets ne peuvent toutefois etres compris hors des normes partagees par les differents acteurs engages sur ces dossiers. Construites au fil des pratiques, selon des ressources tres inegalement partagees, ces normes fonctionnent comme des balises dans la reconnaissance de l'influence entre pairs et entre partenaires. Si elles facilitent la reproduction quotidienne de l'influence, elles supposent egalement le risque de discredit et de declassement dans les arenes multilaterales.
Pour le montrer, le present ouvrage replace ces diplomates gestionnaires de conflits armes face a leurs " audiences ", et mesure les risques que ces dernieres font peser sur eux dans leur travail quotidien. En appliquant aux relations internationales des outils forges par la sociologie, et fort d'une observation du travail diplomatique au Conseil de securite de l'ONU, l'auteur porte un eclairage original sur la prise de decision en politique etrangere, en particulier sur le poids de l'image mediatique et de la politique interieure au coeur des rivalites diplomatiques.