La silhouette inachevee de la cathedrale Saint-Gervais-Saint-Protais de Soissons, eclipsee par celle de Saint-Jean-des-Vignes qui lance ses deux fleches dans le ciel de la ville, cache sous des dehors austeres une harmonie interieure, due aux maitres d'oeuvre des XIIe et XIIIe siecles, et qui se revele a ceux qui en franchissent le seuil pour la contempler dans toute sa hardiesse: la monumentalite du vaisseau central et du choeur contraste avec le raffinement equilibre du bras sud transept. Tel le phenix, la cathedrale renait toujours de ses cendres: videe en 1567-1568 par les huguenots, saccagee en 1790-1793 par les revolutionnaires, bombardee en 1814 et 1870 par les Russes puis par les Prussiens, aneantie par la Premiere Guerre mondiale, elle releve chaque fois grace aux soins de ses eveques, des ses chanoines et de ses architectes. Elle doit sa resurrection a l'un de ces derniers, Emile Brunet, qui s'est consacre avec tenacite, de 1919 a 1937, a sa restauration salvatrice.
En depit de l'histoire tragique du monument, les siecles y ont laisse leur empreinte et l'ont enrichi d'oeuvres d'art de qualite exceptionnelle, dues a des artistes de renom (Gilles Guerin, Francois Girardon, Philippe de Champaigne, Michel-Ange Slodtz et, plus pres de nous, Gabriel Girodon, etc.). La plus celebre d'entre elles, l'Adoration des Bergers de Pierre-Paul Rubens, capte tous les regards mais ne doit faire oublier ni le somptueux decor du choeur, ni les splendides sculptures et peintures qui ornent autels et retables, ni la magnifique sacristie, que cet ouvrage souhaite faire decouvrir et apprecier.