Grandes voies et chemins de traverse de la semantique cognitive, tel etait l'intitule de la Journee scientifique de la Societe de Linguistique de Paris qui s'est tenu a l'ENS de la rue d'Ulm le 19 janvier 2009. Depuis les travaux fondateurs sur la grammaire cognitive (R. Langacker), les espaces mentaux (G. Fauconnier), la semantique des prototypes (E. Rosch & G. Lakoff, G. Kleiber) et celle de l'espace (C. Vandeloise), les metaphores generalisees et la cognition incarnee (G. Lakoff & M. Johnson), les primitifs semantiques et la semantique culturelle (A. Wierzbicka), les cadres actanciels et les grammaires de construction (Ch. Fillmore), la semantique cognitive 'internationale' continue a presenter un tableau extremement diversifie.
En marge de ces 'grandes voies', les linguistes francais arpentent depuis plusieurs decennies des 'chemins de traverse' auxquels Catherine Fuchs a consacre sa conference au premier Congres Mondial de Linguistique Francaise en 2008, que met brillamment en scene l'ouvrage de Mathieu Valette (2006) consacre aux linguistiques enonciatives et cognitives francaises dans lequel il aborde successivement les positions theoriques de Gustave Guillaume, Bernard Pottier, Maurice Toussaint et Antoine Culioli, et qu'aborde egalement en detail J.M. Fortis dans sa contribution a ce volume. La journee s'achevait sur une table-ronde sous la presidence de Bernard Pottier, consacree a la reception en France de la semantique cognitive 'internationale' vis-a-vis de ces orientations qui modelent le paysage linguistique francais. Les articles de Jean-Michel Fortis, Peter Blumenthal, Georges Kleiber et Dirk Geeraerts sont issus de cette table-rone et presentent differents eclairages de cette configuration propre a la France.
Les trois autres contributions discutent d'une part deux orientations particulieres de la semantique cognitive, la theorie des espaces mentaux et de l'integration conceptuelle (Gilles Col) et la Metalangue Semantique Naturelle (Bert Peeters), et d'autre part la place de la semantique cognitive dans la lexicographie historique (Paul Gevaudan & Peter Koch).