- Tu crois qu'il va venir ? m'a demandé Antoine en s'allumant une cigarette. J'ai haussé les épaules. Avec Paul comment savoir ? Il n'en faisait toujours qu'à sa tête. Se souciait peu des convenances. Considérait n'avoir aucune obligation envers qui que ce soit. Et surtout pas envers sa famille, qu'il avait laminée de film en film, de pièce en pièce, même s'il s'en défendait. - En tout cas, a repris mon frère, si demain il s'avise de se lever pour parler de papa, je te jure, je le défonce.
- Ah ouais ? a fait une voix derrière nous. Je serais curieux de savoir comment tu comptes t'y prendre... Antoine a sursauté. Je me suis retournée. Paul se tenait là, dans l'obscurité, son sac à la main. Nous n'avions pas entendu grincer la grille. J'ignore comment il s'y prenait. Ce portillon couinait depuis toujours. Aucun dégrippant, aucun type d'huile n'avait jamais réussi à le calmer. Mais Paul parvenait à le pousser sans lui arracher le moindre miaulement.