"Catholique, je le suis, mais il n'y a plus que moi", aurait aime a dire Barbey d'Aurevilly. La parfaite et deja singuliere orthodoxie dont se reclame l'un des ecrivains a scandale les plus reputes du 19e siecle a de quoi etonner, tant son esthetique semble aller a rebours de la doctrine du catholicisme. Cette tension, le personnage du pretre, qui jalonne son oeuvre, l'illustre de maniere aigue. Car, en vertu du sacrement de l'ordre, le pretre est un actant d'emblee dote d'un programme narratif particulier: figurer le Christ. Des lors, comment le programme dont le pretre est sacramentellement charge reagit-il aux differentes situations narratives avec lesquelles il entre en contact? Dans quelle mesure, etant, a l'evidence, de connivence avec les forces du Mal, le pretre aurevillien peut-il encore figurer le Christ? Inversement, comment, entachees de corruption, les figures apparemment les plus saines contribuent-elles a le defigurer? C'est ce paradoxe, ce mystere, que cet ouvrage se propose d'eclairer.