La proposition d'aide a l'Europe formulee par le general Marshall le 5 juin continue a occuper au cours du second semestre de 1947 le devant de la scene. Il est tout de suite evident que l'on se dirige vers la coupure du continent en deux. Mais une fois le principe de l'aide Marshall admis, de nombreux problemes se posent. La question allemande est egalement liee au plan Marshall: la France doit-elle accepter ou pas de fusionner sa zone avec les deux autres zones occidentales ? Il devient rapidement evident, pour la plupart des responsables, qu'il n'y a pas d'autre solution realiste, meme si on se garde bien de le proclamer. Le choix occidental de la France est desormais clair. L'un des apports majeurs de ce volume est de demontrer que le rapprochement franco-britannique manifeste par le traite de Dunkerque n'a pas ete qu'un feu de paille mais a lance une reelle phase de cooperation.
Les affaires du monde arabo-musulman preoccupent toujours davantage Paris. Mais bien entendu c'est la question de la Palestine qui domine. La formule du partage suscite a Paris de serieux doutes, meme si certains estiment qu'il s'agit de la moins mauvaise solution, mais finalement la France decide de se rallier a la majorite lors du vote a l'ONU du 28 novembre. Mais une grande affaire reste l'Asie. En Indochine, on conclut avec Bao Dai la declaration de la Baie d'Along, le 6 decembre. Cette declaration est ambigue. A Paris les reactions sont diverses. Les services du Quai paraissent penser, a la difference du gouvernement, que cette declaration est si favorable a la France qu'elle n'a aucune chance d'amener les partisans de Ho Chi Minh a se separer de lui et a rallier Bao Dai. Le decor de la guerre d'Indochine etait desormais definitivement en place.