Il n’y a pas tout à fait un siècle que le style indirect libre a reçu son nom de baptême, mais sa date de naissance, s’il en a une, se perd dans la nuit des temps. Ce décalage n’est sans doute pas fortuit. Le SIL est, par essence, voué à une existence discrète, et il a fallu qu’il devienne un procédé littéraire consciemment et massivement utilisé par les romanciers du XIXème siècle pour qu’on s’intéresse à lui.
Le présent volume est à la fois un retour aux sources, une mise en perspective et un questionnement. La contribution de Michèle Biraud et Sylvie Mellet nous parle du style indirect libre tel qu’on l’employait en grec et en latin, à une époque où il ne portait pas encore son nom. Marcel Vuillaume reprend et approfondit certains aspects un peu oubliés de la réflexion de Bally, qui, avec quelques autres, porta le SIL sur les fonts baptismaux. Quant à Laurence Rosier, elle retrace, dans la présentation de son récent ouvrage Le discours rapporté. Histoire, théories, pratiques, l’évolution de ce concept. Les trois autres articles, ceux de Michel Juillard, Anna Jaubert et Sylvie Mellet, tentent, chacun selon un angle d’attaque qui lui est propre, de renouveler ou de clarifier la problématique toujours ouverte du SIL.
Ce recueil s’adresse donc à tous ceux, linguistes ou spécialistes de littérature, qui s’intéressent au SIL et, plus généralement, à tous les phénomènes qui relèvent de l’hétérogénéité énonciative.