Convaincu que l'étude du plaisir de l'écriture reste particulière, tandis que celle du lecteur permet une compréhension plus générale du phénomène poétique, Michel Malherbe, conscient que les textes analysés dans cet ouvrage sont le produit de la volonté délibérée d'un auteur (Paul Verlaine), a procédé à l'analyse euphonique des Romances sans paroles afin de mieux comprendre le plaisir à les lire. Ce plaisir est avant tout euphonique; en cela, cette approche de la poésie est particulière puisqu'elle aborde le texte sous son aspect sonore, dont la structuration rejaillit sur une meilleure compréhension du sens. Pour procéder à cette analyse euphonique, il fallait utiliser un outil valide et fiable. Les recherches dans ce domaine de la pratique des sonorités du texte poétique ne sont guère abondantes; en revanche, les méthodes proposées reposent sur des principes divergents. Le premier chapitre présente trois méthodes émanant respectivement de Delas et Filliolet, de Chausserie-Laprée et de Gauthier. Leur critique aboutit au choix de la troisième qui, pour les raisons de l'analyse portant sur tout un recueil, a été affinée, complétée; c'est la raison pour laquelle le chapitre deux explique le système d'analyse, sa méthodologie et les conditions de perceptibilité des figures qui en découlent - et ce, au travers d'exemples extraits exclusivement du corpus verlainien cité - Le troisième chapitre propose l'analyse euphonique de vers isolés du recueil, selon le nombre croissant de syllabes par vers; il s'ensuit une analyse statistique des mots-thèmes et des mots-clés qui tend à éprouver la validité de l'idée selon laquelle la structure euphonique du texte poétique peut servir de fondement à l'interprétation sémantique de ce texte. Dans le chapitre quatre, après une rapide comparaison entre les structures euphoniques portant sur un poème entier avec les structures musicales, sont réalisées diverses analyses de poèmes considérés dans leur totalité sonore. Enfin, le cinquième chapitre analyse l'auto-implication de Verlaine dans son recueil par une triple approche : poétique, statistiqueet psychanalytique, qui aboutit à l'esquisse de l'hypothèse d'une signature subliminale de son œuvre par le poète.