«Le soir tombait Le sang des hommes tonnait comme le torrent gronde J'entendais tout Je savais tout Je mangeais ton cri pour me taire Je saignais et je rayonnais, partagé, muet, solidaire J'écrivais des poèmes d'amour à la lueur insuffisante des incendies»
Le choix de l'éditeur Luc Bérimont aurait aujourd'hui cent ans, mais sa poésie est jeune, vivante, frémissante de passions. Une poésie que je suis heureux de faire découvrir aux uns, redécouvrir aux autres. Ce livre - conçu par Marie-Hélène Fraïssé, la dernière compagne du poète - débute avec Domaine de la nuit et La Huche à pain, textes marqués par la présence d'un monde en voie d'effacement et par les désastres de la guerre. Avec Les Accrus, s'ouvre le cycle de la maturité, verbe et sève mêlés, dans une vigueur qui réconcilie avec le monde. Viennent enfin les textes qui préparent à l'adieu : «J'ai mal de te quitter, mal à hurler, mal à ma vie», écrivait Bérimont dans Reprise du récit, publié l'année même de sa mort. Un voyage dans la «langue simple, intense, fraternelle» de celui qui fut un éveilleur d'émotions partagées. Un chant à hauteur d'homme, indispensable à notre temps.