A une epoque ou tout devient vite use, ephemere, Robert Pinget n'a cesse de demontrer - depuis Mahu ou le materiau, son premier roman, jusqu'a Theo ou le temps neuf, son dernier - que le recit de fiction n'est pas encore mort.
Doue d'une ironie et d'un sens de l'humour remarquables, le romancier, par le biais d'une instance narrative qui, d'un livre a l'autre, dejoue les attentes du lecteur, engage le critique a poursuivre les enjeux d'une nouvelle poetique enonciative.
Cet essai est consacre a l'exercice passionnant qu'est l'etude des dispositifs narratifs dans ses recits. D'une part, l'enonciation chez Pinget s'avere une facon de parodier les canons de la narration traditionnelle, et d'autre part, elle met en evidence la nature musicale de la composition des textes. En fait, les constantes variations du sujet de la parole sur les memes themes et motifs rapprochent le recit de la musique baroque, en meme temps qu'elles rappellent l'etroite parente entre cette ecriture/enonciation et le jazz.