Le travail d’analyse sociale nous pose toujours la question de la transcription des données et des résultats obtenus. Les modèles canoniques privilégient l’usage de l’écriture orthographique et relèguent souvent les formes d’écritures iconographiques dans la perception sensible, l’allusif et le flou symbolique, à l’extrême opposé de la rigueur démonstrative et argumentative de l’écriture. Dans le processus de production et de diffusion des connaissances en sciences sociales, le moment de l’enquête, en particulier, est une situation de transcription idéale pour examiner le passage d’un ordre de fait à un autre, et pour retracer sa fonction dans le projet scientifique. Cet ouvrage interroge les modalités d’implication de l’image dans la fabrication, la transformation et la présentation des données issues de l’enquête de terrain.
La première partie questionne la constitution des mémoires et des identités individuelles et collectives. La photographie se tient au seuil de la mémoire et perpétue une interrogation sur les conditions d’exercice de la mémoire individuelle et collective. La contribution nous rappelle que l’image oblige les chercheurs plus que tout autre mode de présentation à s’interroger sur leur position. La deuxième partie est consacrée à l’épistémologie des images. Que les images soient produites par les chercheurs eux-mêmes ou récoltées lors du terrain ethnographique leur représentation est d’une importance cruciale mais ne va pas de soi. La troisième partie aborde la question de la restitution des données issues de l’enquête de terrain à travers l’analyse des photographies et plaide pour une analyse des rythmes, rare en sciences sociales, afin de saisir les complexités de l’urbanisation globale et de la restituer par les techniques de théâtre grâce à une approche du sensuous scholarship.