Cet ouvrage entend montrer que l'opera expressionniste, invente par Schoenberg avec Die gluckliche Hand et Erwartung, s'inscrit dans l'histoire litteraire et musicale de l'heritage wagnerien, ou plutot dans la critique contre Wagner. La critique de l'ideal wagnerien du drame total a deja eu lieu dans le symbolisme de Mallarme et Maeterlinck, et il s'agira d'y debusquer l'origine de la refondation de la dramaturgie operatique et, plus generalement, de l'esthetique moderne.
L'objectif est de lire les operas de Schoenberg, Berg, Schreker, Bartok, Hindemith, comme autant de manifestes, de les reinscrire dans une esthetique commune dont les enjeux sont philosophiques et politiques. Le postulat est qu'il existe une continuite entre les oeuvres d'une premiere periode neo-symboliste et celles de l'expressionnisme realiste.
La lecture proposee est fidele aux intuitions fondamentales d'Adorno, mais s'appuie aussi sur Freud, Rosenzweig ou Benjamin, pour comprendre comment cette histoire de l'opera s'acheve sur le silence eloquent de Schoenberg, " inachevant " le dernier opera, Moses und Aron.