Le roman érotique et libertin du XVIIIe siècle serait un texte polémique qui se dresse contre la morale sexuelle et religieuse régnante. Il illustrerait un mode de vie, des techniques d’apprentissage du sexe ou des controverses sur les rapports entre la sensation et l’intellection. De leur côté, les discours religieux ou scientifiques sur le corps érotique se constitueraient en opposition à la représentation romanesque du corps dominé par le désir. Mladen Kozul remet en question cette opposition réductrice.
Dans cette étude interdisciplinaire, centrée sur la représentation du corps érotique, l’auteur réinscrit le roman libertin dans son temps et dans les rapports de force qui le traversent. A travers les textes des romanciers et des défenseurs du classicisme, des ecclésiastiques et des médecins, il avance l’hypothèse que l’âge classique critique le roman érotique non pas tant parce qu’il s’oppose aux discours religieux ou médicaux, que parce qu’il exhibe le sous-bassement libidinal de ces mêmes discours régulateurs.
Dans Le Corps érotique au XVIIIe siècle Mladen Kozul propose une lecture tout à fait nouvelle de l’imaginaire érotique qui se constitue au travers des textes et des discours disparates. Retournant la condamnation qui le vise contre les discours qui l’attaquent, le roman libertin est l’emblème de toute une culture pour laquelle le libertinage est la vérité cachée des discours de l’orthodoxie morale et idéologique de son temps.