De récents travaux ont remis sur le devant de la scène cet auteur inclassable qu’est Jean Potocki (1761-1815). Réunissant une vingtaine de contributions transdisciplinaires, cet ouvrage envisage son œuvre sous l’angle de la trace, afin de brosser le portrait d’un voyageur qui est aussi historien, romancier, conteur, dramaturge, et qui par là même appréhende le monde selon une approche tantôt expérimentale, tantôt théorique, tantôt esthétique.

Une première partie est consacrée aux traces que Potocki suit inlassablement en tant que voyageur et historien, celles des civilisations et des peuples anciens, mais aussi celles de son passage et de ses recherches dans différents pays. Chez lui, tout vestige – monument, ruine, vocabulaire, graffiti – est consigné, comparé, analysé, et devient un facteur déterminant de connaissance. La deuxième partie de l’ouvrage s’attache à exhumer les traces que Potocki laisse dans son œuvre de fiction: le jeu avec l’intertextualité lui permet d’interroger les codes et les formes canoniques de la littérature pour mieux les détourner et créer une instabilité herméneutique. Enfin, une dernière partie se fonde sur sa correspondance, et notamment sur des lettres inédites ici reproduites. L’étude de la trace dans l’œuvre de Potocki confirme la modernité d’un auteur qui entretient un rapport foncièrement ambigu au réel.