De La Mise en scène et Le Maintien de l'ordre jusqu'à Déconnection, Outback ou l'arrière-monde et au-delà, l'oeuvre aujourd'hui vaste et labyrinthique, de Claude Ollier est considérée comme une des plus richement novatrices des quarante dernières années. Fondée sur une poétique de l'éclatement de l'unité de la personne/du personnage, sur une esthétique du non-fixe, de l'illimité, de la question généralisée dans l'ubiquité de ses pertinences, sur une appréciation du rôle déterminant mais incompris du langage dans l'expérience de l'être, l'oeuvre d'Ollier s'élabore, consciente de ses tensions implicites mais planant magistralement sur elles, entre échec et jeu (d'échec/s), réel insaissable et saisie onirique, phantasmatique, imaginaire, entre le haut sérieux de tout ce qui est troué, futile, déroutant et ce qui, par le biais du champ transférentiel de l'écrit, permet ironiquement mais sûrement de tout replénifier. C'est ainsi, comme l'explique Sjef Houppermans dans cette très belle étude d'une oeuvre à la fois difficile et exemplaire, qu'un nouveau pacte entre livre et lecteur/lectrice, et auteur peut-être aussi, parvient à s'établir. Si le livre n'est pas le lieu idéal d'une vraie vie, la vraie mort, celle du désir, réussit à se différer indéfiniment dans ces beaux fuzzy sets que sont les créations admirables de Claude Ollier.