L’œuvre littéraire de George Sand entretient un dialogue multiple, manifeste et soutenu avec d’autres auteurs et d’autres textes. Ce dialogue, engagé surtout avec des prédécesseurs et des contemporains tels que Rousseau, Shakespeare, Goethe, Mme de Genlis, Balzac et Flaubert, n’est pas uniquement textuel ; il est aussi idéologique. Comme le soulignent les études réunies dans ce volume, la pratique sandienne d’une intertextualité littéraire suggère une conception démocratique du champ littéraire, dans laquelle les hiérarchies verticales sont abolies, et des concepts tels que l’imitation et l’influence sont marginalisés dans une pratique de l’écriture qui intègre une pluralité de voix et dans laquelle les ouvrages de ses prédécesseurs et de ses contemporains sont remémorés, absorbés, cités, contestés, retravaillés, transformés ou parodiés. Intégrer les voix d’autrui dans le tissu du roman émerge ainsi comme un principe fondamental de l’écriture sandienne.