Jean-Marie Gourio a décidé d’arrêter. Sa décision n’est sans doute pas étrangère au massacre que des imbéciles ont perpétré dans les locaux de Charlie Hebdo, descendant de ce Hara-Kiri où, un matin de printemps 1985, la première brève a fleuri dans un bistrot de la rue des Trois-Portes. Jean-Marie Gourio ne nous dira rien à ce sujet. Il n’ajoutera rien à ce texte qui ouvre ce dernier recueil de ses Brèves de comptoir : «Ouvert en 1985, le Café des Brèves de Comptoir ferme définitivement ses portes. 60 000 brèves, notées sur un carnet, au cours de formidables balades dans les bars. Publiées, servies aux lecteurs comme on sert la tournée ! 20 livres. Jouées trois fois au théâtre. Mises en scène dans un film. Pendant trente ans, les brèves auront été ma musique. Mon obsession. Mon bonheur. Les comptoirs ! Les gens qui parlent en buvant un verre. Qui rient. Qui pleurent. Qui rêvent. Qui déraisonnent.