La présente étude propose une approche technologique de la céramique rubanée, au travers de l’étude de huit sites localisés dans le quart nord-est de la France et en Belgique (5300-4900 av. J.C.). Les études typologiques de la céramique rubanée avaient abouti à une perception plutôt homogène des assemblages et l’analyse des décors avait permis la mise au point de séquences chronologiques particulièrement précises. Pourtant, plusieurs questions restaient en suspens, en particulier sur le contexte de production des vases, ainsi que sur l’origine des producteurs de la céramique dite du Limbourg, présente en petite quantité sur certains sites de la zone d’étude, qui se distingue de la céramique rubanée par une forme et un dégraissant spécifiques.
Dans chacun des villages étudiés, il semble que la production céramique ait eu lieu à l’échelle de la maisonnée, bien qu’il ne soit pas possible d’exclure des formes de coopération entre maisons voire entre villages. La mise en perspective chronologique et spatiale des résultats technologiques à l’échelle intrasite permet de supposer que les dynamiques d’implantation des producteurs à l’échelle locale différaient d’un site à l’autre. À l’échelle macro-régionale, une distribution préférentielle des différentes traditions techniques dans certaines régions de peuplement a pu être observée, parfois tout au long de la séquence. Cette répartition pourrait suggérer des contacts privilégiés entre certaines zones de peuplement rubané, qu’il s’agisse de la circulation de savoir-faire, de récipients ou d’individus.
L’étude technologique des vases Limbourg révèle des manières de faire variées. Il est possible d’opposer un Limbourg « standard », dont les caractères formels et techniques sont homogènes et dont la distribution est transrégionale à un Limbourg « imité ». Les vases Limbourg « imités » présentent des caractères formels typiques du Limbourg « standards », mais ils ont été façonnés selon des traditions majoritairement employées pour la réalisation des vases rubanés. Ce résultat original permet d’envisager que les vases Limbourg avaient un statut tout à fait particulier pour les communautés rubanées et conduit à formuler plusieurs hypothèses sur l’identité de leurs fabricants.