L’Angleterre est la première destination des Français au XVIIIe siècle, mais le voyage d’Angleterre reste peu étudié. Avec ce livre, Gábor Gelléri comble un vide historiographique, au moyen d’un corpus de plus de soixante-dix sources et d’une étude chronologique s’étendant sur cent-trente ans. Il dresse la liste des implications philosophiques, politiques, religieuses, sociales et littéraires que ce voyage comporte. Contestant l’idée que Voltaire aurait ‘découvert’ l’Angleterre, il remet au premier plan le rôle qu’a joué la Suisse protestante comme intermédiaire dans la découverte de ce pays par les Français, en analysant notamment la polémique suscitée par le récit de Béat de Muralt, qui voyagea avant Voltaire.
Le voyage outre-Manche, et les récits qui en sont faits, sont cruciaux dans les interactions entre la France et l’Angleterre. L’Angleterre est l’un des miroirs dans lesquels la France se regarde. Comparant les discours aux pratiques avérées, l’auteur réévalue certaines catégories majeures, notamment l’opposition souvent mal interprétée entre anglomanie et anglophobie. Il interroge les motivations des voyageurs, à une époque où la pratique du voyage commence à se démocratiser, ce qui conduira à la naissance du tourisme. Dépassant la simple étude des discours, il met en lumière les usages du voyage, en rappelant qu’avant de devenir l’objet d’un acte d’écriture le voyage constitue une pratique sociale.
Qu’il soit philosophique, anti-philosophique, scientifique, pittoresque ou de plaisance, le voyage d’Angleterre est un champ d’exploration permettant aux voyageurs de mettre à l’épreuve toutes les idées importantes du siècle et cristallisant les polémiques du temps. Gábor Gelléri démontre que ce voyage est un phénomène majeur: un laboratoire d’idées et un portrait vivant de la complexité intellectuelle et idéologique du XVIIIe siècle européen.
L'ouvrage a été publié avec le soutien du Department of Modern Languages de Aberystwyth University.