Type documentaire familier aux papyrologues, épigraphistes, juristes et
historiens du Haut-Empire romain, la pétition et l'apostille qu'y
portait l'autorité caractérisent un modèle de relation entre sujets et
instances dirigeantes. De Rome à Byzance, qu'est devenue la pétition? Y
a-t-il une pétition proprement byzantine? Ces questions, soulevées par
différents travaux, n'avaient été traités qu'en ordre dispersé.
Rassemblant des historiens d'horizons variés, antiquisants et
médiévistes, la table-ronde "La pétition à Byzance" a voulu confronter
les recherches particulières et mettre en commun des perspectives. Deux
grands domaines ordonnent l'ensemble: au niveau du pouvoir central, la
pétition à l'empereur et, correlativement, le rescrit impérial; à
l'échelon local, la masse des documents papyrologiques, seuls originaux
conservés, dont l'inventaire critique complète le volume. Pétitions et
rescrits impériaux font l'objet de six études, des origines romaines (T.
Hauken) au début du XIVe siècle (M. Nystazopoulou-Pélékidou), centrées à
la haute époque sur les données des Codes (R.W. Mathisen), des Actes
conciliaires et des Novelles (D. Feissel), des papyrus (C. Zuckerman)
ou, pour l'époque médiobyzantine, sur le rôle du maître des requêtes (R.
Morris). Un ensemble de trois communications traite des pétitions sur
papyrus de l'Égypte byzantine (jusqu'au début du VIIe siècle). Du point
de vue de l'histoire sociale, les pétitions soumises par des femmes
apparaissent plus rares qu'à l'époque romaine (R.S. Bagnall), tandis que
la disparition progressive des pétitions aux magistrats municipaux est
compensée par l'émergence de "pétitions privées" aux grands
propriétaires (J. Gascou). En termes d'histoire culturelle, la pétition
s'avère le plus "littéraire" des genres documentaires de l'époque (J.-L.
Fournet). Au total s'ébauche, implicitement, une diplomatique de la
pétition byzantine qui encourage d'une époque à l'autre, avec les
précautions requises, la démarche comparative.