Comment l'âme vient-elle à l'embryon? Ce n'est pas la même chose
d'envisager l'embryon comme le réceptacle incident d'une âme tombée des
cieux, ou comme un corps s'éveillant à la vie. C'est pourquoi il faut
tout d'abord répondre à cette question: quel rapport le corps
entretient-il avec son âme?
Cet ouvrage explore la perception de
l'âme dans les deux grands courants entre lesquels se partagent les
sources grecques depuis les Présocratiques: les tenants d'une épopée de
l'âme tombée du ciel, attelée à un corps et cherchant à regagner le
monde des esprits purs, et les irréductibles de l'âme non séparable qui
estiment à l'inverse qu'on ne peut penser l'âme indépendamment du corps
qu'elle anime. L'enquête est menée dans différents corpus: philosophes
et médecins, textes bibliques et tradition rabbinique, gnoses païennes
et chrétiennes, Pères de l'Église et chrétiens marginaux. La troisième
partie envisage, dans ces corpus, la rencontre de l'embryon et de son
âme, qu'il est convenu d'appeler l'animation de l'embryon: d'où vient
l'âme? Quand s'unit-elle au corps en gestation? Pour adopter un langage
plus moderne: l'embryon est-il un végétal, un animal ou un humain à part
entière?
L'enquête s'achève à la fin du Ve siècle. Tout est en
place. Quelques ouvertures vers les questionnements des VIe et VIIe
siècles montrent que c'est bien sur ces fondations antiques que sa
bâtira la réflexion médiévale (byzantine et occidentale), avec ses
retombées juridiques et éthiques. Aujourd'hui encore, bien des
problématiques autour de l'embryon rejoignent les interrogations des
anciens Grecs, et parfois leurs réponses.