Le livre de Barlaam et Josaphat fut probablement le «roman» le plus lu au cours du Moyen Âge. Le noyau du récit est constitué par l'enfance du Bouddha qui, peu à peu, se détache de la vie et des biens du siècle pour embrasser la solitude monastique. Dans ce cheminement, Josaphat (une déformation du mot Bouddha) est guidé par Barlaam, un ascète hindou ultérieurement devenu ermite chrétien. L'histoire du texte est remarquable: le canevas général, tiré d'une Vie légendaire du personnage écrite en sanscrit, fut traduit en pehlvi puis, à la conquête musulmane, en arabe. Il passe bientôt en géorgien puis en grec, où il prend sa forme définitive, fortement christianisée; traduit en latin, il est à l'origine de toutes les versions occidentales. Une autre traduction, en arabe, servira de modèle au texte éthiopien. Celui-ci a fait l'objet d'une unique édition il y a plus de trois quarts de siècle; il n'avait jamais été traduit en français.