En toile de fond de ce roman, le XIXe siècle, celui des révolutions et des inventions. Au premier plan, deux génies qui vont changer le monde : Nicéphore Niepce et Edouard Scott de Martinville. Deux destins dont le romancier révèle ici l'enchevêtrement inouï. On découvre entre autres que le premier ballon dirigeable fut imaginé en 1789 par le grand-père de celui qui sera le premier à enregistrer le son.
Cet enregistrement, réalisé en 1857, se présente sous la forme d'une gravure sur papier. Il est resté muet pendant un siècle et demi, jusqu'à ce que, très récemment, des chercheurs américains numérisent l'image de cette gravure, et retrouvent ainsi la voix oubliée de l'inventeur, Scott de Martinville, qui chante Au clair de la lune, mon ami... : il s'agit de la plus ancienne voix humaine enregistrée connue à ce jour.
Les frères Montgolfier, Daguerre, Balzac, Thomas Edison, Firmin-Didot, Morse, Muybridge, un milliardaire, un assassin, un couple d'adolescents suicidaires et tous les monarques de l'époque accompagnent nos deux héros. Car il fallait placer leur vie intime dans leur contexte historique pour comprendre ce qui, au dernier moment, par une manière de fatalité, les a privés de la gloire qui leur était promise de leur vivant.
C'est aussi le mystère de cet empêchement que dévoile ce roman : capturer l'image exacte de la nature, son mouvement dans l'espace et dans sa durée sonore, avant qu'on trouve ça divertissant sous le nom de cinématographe, fut pour les inventeurs eux-mêmes un défi immense, un sacrilège qu'ils ne pouvaient avoir l'audace de commettre : une offense à Dieu, pour l'amour duquel Pierrot fut sommé de prêter sa plume...