Philae, Kom Ombo, Edfou, Esna et Dendara sont les temples de la période
gréco-romaine (entre 300 av. J.-C. et 300 ap. J.-C.) les plus visités.
Leurs parois sont couverts de textes, contrairement aux prestigieux
sanctuaires de Karnak, de Médinet Habou ou d'Abydos, et fournissent les
clefs interprétatives de ces derniers.
Les
hiérogrammates de Ptolémée ou de César ont transmis cette exégèse en
exploitant des archives millénaires et en poussant à ses limites
extrêmes les possibilités quasi infinies de l'écriture hiéroglyphique.
Les monuments religieux égyptiens tardifs ne seraient que
d'assez lourdes masses de pierre s'ils n'entretenaient pas, par leur
décor et leurs textes, le souvenir du pharaon-dieu qui, fort de sa
légitimité et grâce à sa double nature - divine et humaine -, perpétue
la vie dans le vieux pays.
Le populaire était certes convié,
en quelques rares occasions, à manifester sa piété à la fois profonde et
naïvement triviale; la splendeur de la conception intellectuelle, où le
divin est exalté de manière érudite sur des murs porteurs de l'écriture
la plus subtilement suggestive, constitue cependant l'apanage exclusif
des «initiés dans le temple».