Les Pyramides, prodigieux monuments défiant le temps et l'espace des
hauteurs, témoignent devant l'univers de l'existence immuable du vieux
pays; le pharaon, protégé par la pierre souveraine, gagne l'infini du
ciel et repose parmi les astres.
Les tombes de la Vallée des Rois
sont en quelque sorte des pyramides inversées que le souverain parcourt
et où il séjourne, seul spectateur initié de ces images mystérieuses -
grandioses ou terrifiantes - qui jalonnent l'espace souterrain.
Les hypogées royaux, conservatoire de la quintessence
théologique et astronomique égyptienne, transmettent leur message en une
débauche de couleurs qui, plus encore que les hiéroglyphes finement
ciselés ou les silhouettes artistement esquissées, donnent accès à
l'ineffable.
Le pharaon quitte le séjour des vivants pour un
lieu où règne en maître le disque rouge du Soleil de la nuit, nimbé
d'une lumière d'or qui anime dieux et génies. L'espace de quelques
heures, il n'est plus l'astre de la vie terrestre; il plonge dans le
monde minéral des morts et ressurgit dans celui, végétal, des vivants.
Il est conduit vers l'éternité dans l'intégrité de son corps; il
perpétue alors non seulement son nom et sa dynastie, mais aussi la
marche du monde. Le pharaon a pénétré le Grand Mystère, celui de la
Première Fois, lors duquel l'astre igné et le limon fécondateur
fusionnent et engendrent la divinité: dans l'Autre-Monde, en un cycle
quotidiennement répété, Rê incandescent ranime Osiris léthargique et
Osiris redressé exhausse des profondeurs l'autre face de l'Âme double,
Rê de feu.