Si, au dix-huitième siècle, l’Afrique est l’incarnation radicale de ‘l’autre’, ses représentations portent cependant le sceau d’un paradoxe fondamental: elles s’affirment comme ‘véridiques’, alors même que le continent et ses habitants sont très mal connus. Les discours sur l’Afrique ont donc une double histoire: celle de l’exploration progressive du continent et celle des attentes des lecteurs auxquels ils sont destinés.
Pour analyser la nature et les implications de ce paradoxe, une équipe de spécialistes a examiné ces représentations selon deux perspectives. Il s’agissait de comprendre comment des fictions s’enracinaient, en amont, dans des textes qui se donnaient comme des récits de voyages authentiques et comment, en aval, cet imaginaire a pu déterminer des comportements réels, susciter aussi bien le mouvement de colonisation que les combats pour l’émancipation des esclaves. Plus qu’un inventaire des descriptions de l’Afrique, ce volume propose une réflexion sur ses représentations, sur leurs racines, leurs fonctions idéologiques et leur diffusion. Il ne s’agit donc pas de mettre en scène, pour mieux le condamner, le racisme au siècle des Lumières, mais de cerner ce que l’on pensait savoir alors sur l’Afrique et les Africains, en utilisant des outils d’analyse empruntés à Michel Foucault.
Dans ce volume interdisciplinaire, abondamment illustré, les auteurs examinent pour la première fois la généalogie et les conditions d’un ‘savoir’ sur l’Afrique au dix-huitième siècle. Pour tous ceux qui travaillent sur les récits de voyages et sur l’histoire culturelle des Lumières, L’Afrique du siècle des Lumières: savoirs et représentations constitue une lecture essentielle.