Cet ouvrage emprunte la voie déjà ouverte par Flaubert topographe (précédemment paru dans la même collection) et poursuit donc l’analyse de divers procédés à l’œuvre dans les brouillons des descriptions topographiques de L’Éducation sentimentale. Tout en professant résolument et nécessairement l’attitude critique et théorique qui consiste à associer poétique et génétique, il permet néanmoins de dépasser le cas ponctuel du roman de Flaubert et, revenant sur les acquis de la critique génétique de ces dernières années, il s’engage sur de nouvelles pistes. Après une première mise au point méthodologique, il s’articule autour de deux problèmes primordiaux pour comprendre comment s’effectue, dans la pratique de l’écrivain, la textualisation du descriptif : les phénomènes d’exogenèse (relevant de ce qui advient, à l’écriture, de l’extérieur) puis les phénomènes d’endogenèse (apparemment limités aux cheminements, internes, de l’écriture elle-même). Puisque les manuscrits nous montrent à l’évidence que la plupart des principes conceptualisés par les théories des textes dits définitifs (tels entre autres l’intertextualité, la focalisation, la temporalisation et la modalisation) fonctionnent de manière bien différente dans leur genèse qui seule en dévoile, en toute objectivité, les processus interactifs, il est absolument essentiel de les réévaluer par rapport à leur formation, leur devenir problématique et leur mouvance souvent aléatoire ; on ne saurait désormais concevoir une théorie du texte sans envisager une théorie de sa production.