Les anecdota de la science classique - ce que, litteralement, on ne publie pas -, donnent a lire la part secrete d'une histoire faite d'erreurs et de trouvailles fortuites. Marques d'un etat provisoire du savoir, elles disent l'humilite d'une science qui laisse voir son statut inacheve, fragmentaire et contingent, et montre ses resultats comme le produit d'une exploration toute humaine. Mais la force des anecdotes reside dans le choc de l'inconnu, dans la fascination de l'inattendu et dans la seduction du discontinu: elles temoignent de l'importance du hasard dans la decouverte et mettent en scene cette " sagacite accidentelle " qu'est la serendipite. De la leur fortune, aux XVIe et XVIIe siecles, au sein d'une science qui se veut resolument nouvelle, dans ses objets, ses methodes, ses modes d'exploration et de diffusion.
Avant de contribuer au mythe de la science telle que nous le connaissons aujourd'hui, l'anecdote a ainsi servi de laboratoire minuscule a l'ecriture d'une histoire naturelle faite de rencontres remarquables entre le genie humain et la nature. C'est ce que s'attachent a montrer les etudes rassemblees dans cet ouvrage, tire du colloque consacre en septembre 2009 a New College (Oxford) par F. Ait-Touati et A. Duprat aux anecdotes scientifiques, maillon manquant entre l'exemplum de la Renaissance et le recit experimental, dans la serie des travaux menes par le Centre de Recherche en Litterature Comparee de Paris-Sorbonne sur le role joue par les anecdotes dans divers discours de savoir au debut de la modernite.