L'oeuvre d'Eugène Guillevic est l'acte et le lieu d'une simple élégance ontique, faite de belles constances et de variations quêtantes, d'accessibilités gnomiques et de profondeurs sans prétention. Allant de Requiem, Terraqué et Exécutoire à Creusement, Art poétique et Maintenant, elle constitue aujourd'hui une des grandes oeuvres poétiques du siècle. Site de luttes, de résistances et de récupérations, la poésie de Guillevic cherche dès le début à dominer les monstruosités, les angoisses et les blocages qui le hantent, et parvient, en s'ouvrant aux mille réciprocités qui s'offrent, et malgré une poétique du non-savoir qui persiste, à instaurer le règne d'une confiance, d'un sourire, d'une passion, d'une joie. Les différences incessamment jaillissantes de l'être sont comprises comme autant de facteurs de cette énergie dansante, vibrante, grouillante, synonyme d'unité, permettant l'expérience, la traversée maintenant de l'être. Vivre la fleur que l'on est, nous conseille ce grand poète de la reconnaissance tellurique, de la glorification micro-/macro-cosmique. L'étude de Michael Brophy explore et honore avec finesse et subtilité l'évolution de la poétique guillevicienne et réussit à en démontrer toute la pertinence urgente et ruisselante.