De Retable-La Rêverie (1974) et Cercoeur (1975) à L'Éclaircie (1990), Vers la lumière (1993) et Le Manteau noir (1998), l'oeuvre de Chantal Chawaf persiste à creuser avec vigueur et génie la logique pulsionnelle de nos corps, les complexes ambiguïtés de nos psychés, les options qui restent face aux contraintes qui pèsent. Écriture du corps, écriture du maternel, écriture du désir et du manque, de l'archétypal et du préverbal, celle de Chantal Chawaf ne se contente ni d'une caresse esthétisante ni d'une perspective socio-éthique idéologisante. Reporter de l'intérieur, paysagiste du désir, Chawaf nous offre des fictions à la fois anti-fictionnelles et visionnaires, telluriquement ancrées, enracinées, et qui, pourtant, visent de façon ou hallucinante ou utopique des transferts et transformations implicitement ou explicitement rêvés. L'étude de Marianne Bosshard, élégante et perspicace, explore avec une grande clarté et une sensibilité textuelle exemplaire ce théâtre de l'identité à la fois manifeste et repensable, réimaginable, qu'est l'oeuvre d'une de nos grandes voix contemporaines.