Cet ouvrage a recu le Prix Maurice Baumont, decerne par l'Academie des Sciences Morales et Politiques. Pour comprendre pourquoi l'economie allemande a particulierement reussi son insertion dans la premiere mondialisation, cet ouvrage examine les conditions pratiques de ce processus. Il prend en compte l'extreme diversite des milieux economiques, depuis les grandes firmes comme Bayer jusqu'aux petites entreprises tentees par l'aventure de l'exportation, en passant par les universitaires, les publicistes et les fonctionnaires de l'administration du Reich. A partir du cas americain, un marche lointain mais apparemment familier par ses normes comme par ses liens avec l'Allemagne, ce livre met en evidence les techniques empiriques, tenant parfois du bricolage, auxquelles se livrerent ces differents acteurs afin de rassembler et d'utiliser l'information economique dont ils avaient besoin pour conquerir de nouveaux marches.
Il montre que la mondialisation implique, des cette epoque, de voir dans chaque pays industrialise non seulement un marche, mais aussi un concurrent. Au-dela de son utilisation commerciale, l'information economique a egalement servi a construire des modeles etrangers theoriques, fruits pour une part de debats transnationaux, mais transformes en instruments au service de controverses nationales. Le livre etablit ainsi que, loin de se reduire a un debat sur l'americanisation, l'utilisation de l'argument americain au tournant du XXe siecle s'inscrit dans une multiplication, pour tous les secteurs economiques, des references etrangeres destinees in fine a affirmer une specificite allemande.