Si Antoine Galland (1646-1715) doit d'etre passe a la posterite a sa "traduction" des Mille et une nuits, il n'en etait pas moins avant tout un savant verse tant en numismatique qu'en orientalisme. Pour soutenir sa memoire, il prit note, des son adolescence, semble-t-il, mais peut-etre pas de maniere continue, des evenements du jour qui le concernaient de pres ou de loin. Ce journal, dont seuls quelques volumes nous sont parvenus, concerne deux periodes: les annees 1672-1673, epoque ou il se trouvait a Constantinople, et les annees 1708-1715, annees qui correspondent a la fin de sa vie, lorsqu'il vivait a Paris. Cette derniere periode est indubitablement une des plus riches sur le plan professionnel puisqu'elle voit A. Galland acceder a la plus haute fonction qu'il pouvait esperer jamais atteindre: la chaire de langue arabe au College royal (1709).
Le journal de ces annees constitue donc une source de premiere importance tant pour retracer les dernieres annees de la vie de ce savant digne representant de la Republique des Lettres, qui nous fait part conscienscieusement du contenu des seances bi-hebdomadaires de la venerable Academie royale des inscriptions, que pour reconstruire son reseau de correspondants, d'amis, de collegues dans ce Siecle des Lumieres qui est en train de se dessiner.