« Nous en repaissions nos yeux; nous en écartions les narines; nous en ouvrions les oreilles ». Cette phrase de Flaubert nous enseigne qu’on voyage avec le corps et que la totalité des sens est mobilisée dès lors qu’il s’agit de comprendre l’ailleurs et d’en jouir. Il importe de revenir sur le privilège traditionnellement accordé à la vue car la relation viatique consigne l’ensemble des sensations qui adviennent à celui qui parcourt le monde: ouïe, goût, odorat, toucher mais aussi perceptions internes ou liées au mouvement. Le présent volume se propose de partir sur les pas de Flaubert et de quelques voyageurs qui ont comme lui donné à lire une approche sensible du paysage. Leur prose garde un peu de la poussière des chemins, de l’odeur des buissons ou encore du balancement tranquille de la marche… C’est du moins ce vers quoi elle tend, en essayant de réduire autant que faire se peut l’impossible coïncidence des mots et de l’expérience.