Bien qu’il participe à une redéfinition de la pratique historiographique à l’Age classique, on s’est peu interrogé sur l’art de ‘Voltaire l’historien’, et on a souvent résumé sa conception de l’histoire et de la politique au rôle majeur joué par les ‘grands hommes’. Il s’agit ici de mettre à l’épreuve une telle conception, et de faire valoir la complexité de la lecture voltairienne de l’histoire.
M. Méricam-Bourdet découvre et examine dans les écrits historiques de Voltaire une vision réfléchie du pouvoir et des enjeux du politique, bien que l’auteur lui-même n’en ait jamais proposé de théorisation systématique: pour comprendre le déroulement historique, il faut prendre en compte l’action non seulement de quelques souverains, mais aussi celle, collective, des peuples. Tout aussi révélatrice est l’attention que porte Voltaire aux rapports de pouvoir qui infléchissent les politiques contemporaines: relations internationales et commerce se retrouvent au premier plan d’une œuvre qui envisage la politique comme un phénomène global.
En raison de ces multiples enjeux, l’œuvre historique de Voltaire est alors en prise avec une actualité politique et polémique. Par son analyse de cette tonalité spécifique, M. Méricam-Bourdet remet en question ce qu’est pour nous l’écriture de l’histoire au dix-huitième siècle.