Collectif et interdisciplinaire, ce volume vise à établir des ponts entre différents champs de recherche (histoire, littérature, économie, sociologie, droit, politique…), afin de mettre en évidence, à partir d’objets, de méthodes et d’approches autant alternatives que complémentaires, les multiples interactions, encore trop timidement prises en considération, entre art et argent, et en particulier entre littérature et économie, dans la société d’Ancien Régime.
Tout à la fois réserve de valeur, instrument de mesure, moyen d’échange, convention sociale et représentation symbolique, l’argent investit réellement l’art dans le dernier tiers du dix-septième siècle, tendance qui se poursuit et s’accentue tout au long du dix-huitième siècle. Au point non seulement de devenir un motif récurrent, susceptible de supplanter l’ensemble des topoï traditionnels, mais encore de fournir un modèle privilégié de représentation de l’activité culturelle dans son ensemble.
S’affranchissant progressivement de la philosophie morale au profit de l’économie politique alors émergeante; oscillant entre évocation tantôt fascinée, tantôt critique de la civilisation matérielle naissante (contrat, monnaie, finance, échange, capital…); exploitant les imaginaires sociaux et les représentations symboliques de la richesse, l’art ne cesse en effet de se référer à l’argent pour y puiser un ensemble de formes et de concepts nouveaux ou, pour le moins, rénovés: intérêt, valeur, individu, gloire, honneur, luxe, vertu…
Trois axes essentiels structurent ce travail: d’abord, l’argent de l’art, à travers l’évocation des conditions matérielles de production et de diffusion des œuvres; ensuite, l’argent dans l’art, à travers l’ensemble de personnages, fictions, intrigues, mythes, imaginaires, et représentations esthétiques générés par la prise en compte de l’économie; enfin, l’argent comme art, à travers l’analogie non pas arbitraire mais intentionnelle entre l’économie et l’art. Le but est, par conséquent, en articulant l’histoire sociale et culturelle à l’interprétation des textes, via les procédures économiques et sociales qu’ils mobilisent, de motiver une métaphore souvent galvaudée par abus de langage: celle d’‘économie des textes’.