L’œuvre d’Olivier Rolin n’a pas encore eu droit à l’attention critique qu’elle mérite, sans doute parce qu’elle occupe une place à part dans le paysage littéraire contemporain. Né en 1947, ancien maoïste, ancien journaliste, auteur depuis 1983 d’une œuvre exigeante composée de romans et de récits de voyage, Olivier Rolin a obtenu en 1994 le prix Fémina pour Port-Soudan, roman qui lui a valu la reconnaissance du grand public. Le succès récent de Tigre en papier (2002, prix France Culture) n’a fait que confirmer le talent du romancier.
Au sein d’une production romanesque marquée par le minimalisme et par l’écriture post-naturaliste, les textes de Rolin frappent par leur écriture riche, foisonnante, baroque, à la syntaxe tourmentée. Ces romans renâclent, en plus, à prendre acte d’un monde aseptisé, purgé de tout sens tragique, refoulant le rapport à l’Histoire : les textes roliniens sont un exercice d’anamnèse. C’est dans cette mesure-là qu’ils se proposent comme une réflexion sur l’Histoire et qu’ils exercent une fonction critique, car le présent y est toujours perçu de façon mélancolique comme le très pâle reflet d’un passé prestigieux. Ce recueil réunit les contributions de quelques lecteurs qui partagent un même intérêt pour cette œuvre singulière dont ils essaient de cerner la spécificité. Dans un entretien inédit, Olivier Rolin retrace lui-même son parcours qui peut se lire comme un acte de foi dans le pouvoir de l’écrivain à retenir quelque chose du temps qui passe.