De façon paradoxale, alors que le morcellement, la profanation ou l’abandon des dépouilles sont attestés dans de nombreux contextes archéologiques ou historiques, l’absence intentionnelle de rites funéraires n’a pas fait l’objet jusqu’à présent d’études systématiques ou comparatives d’envergure dans le champ des sciences sociales. Et au final, nous en savons donc encore bien peu sur ce qui conduit une société à priver ou dispenser intentionnellement un individu de traitement funéraire. Ainsi, les modalités de la privation de funérailles sont-elles toujours et partout les mêmes ? Ou bien varient-elles selon les contextes socio-historiques, en étant singulièrement reliées aux situations de crises ? Quels sont les différents enjeux qui président à la privation de traitement funéraire ? Plus généralement et de façon analytique, à partir de quels éléments factuels nous est-il possible d’identifier et de qualifier les situations de privation de rites funéraires ? Pour répondre à ce vaste ensemble de questions, nous avons rassemblé dans ce volume douze contributions d’archéologues, d’anthropologues et d’historiens, fruit d’un travail collectif mené lors de journées d’études qui se sont déroulées en 2021 et 2022 à Montpellier et à Marseille. Ces journées ont initié une dynamique interdisciplinaire et diachronique de réflexion, particulièrement riche et dense, sur la diversité des motivations qui conduisent à la privation intentionnelle de funérailles. Dans leur prolongement, ces douze chapitres invitent également à réfléchir sur le cheminement intellectuel qui permet à partir de données archéologiques, historiques ou ethnographiques, d’attester de l’absence de traitement funéraire, et sur les outils intellectuels et théoriques disponibles pour aborder la question de la privation de funérailles.