L’histoire des sociétés de pensée au siècle des Lumières commence avec celle du salon que la marquise de Lambert (1647-1733) ouvre à Paris, en 1698, à l’Hôtel de Nevers. Pendant plus de trente années, héritière de la ruelle précieuse, la grande dame qui fut la confidente ou la protectrice de Fontenelle, La Motte, Montesquieu, Marivaux, exerça dans ses célèbres mardis, promus tribunal littéraire de Paris, un rôle d’hôtesse et d’animatrice des idées nouvelles. Favorable aux Modernes adversaires des Anciens, facilitant l’élection de ses amis à l’Académie française, séduite par les jeux d’une nouvelle préciosité, meurtrie par les attaques dénigrant le bel esprit féminin et ses productions, sa personnalité marque de son rayonnement le premier dix-huitième siècle français et l’histoire du féminisme.
L’enquête sur la formation morale de Mme de Lambert, sur la genèse de ses écrits qui rassemblent avis pédagogiques maternels et traités de morale, sur la vie de ses ‘mardis’ conduit à une définition du ‘lambertinage’ comme éthique de la gloire et du bonheur, expression discrète d’un féminisme intelligent et recherche d’un style propre à promouvoir le bel esprit féminin.